MiCA, l'épouvantail

La semaine du 14 au 20 mars a été pour l'écosystème européen, un cauchemar teinté d'éveils périodiques.
En effet, la commission ECON du parlement européen chargé de voter l'élaboration d'une législation sur les cryptomonnaies et la blockchain procédait alors à l'adoption d'une proposition devant ensuite être présentée aux parlementaires, puis aux responsables des Etats membres.
Oui, mais non…!
A la lecture rapide la proposition de loi MiCA, il en ressort deux points importants très épineux : la régulation des consensus algorithmiques d'une part et ce qui s'apparente plus ou moins au droit des consommateurs au sein de l'Union d'autre part. Je m'explique :
Consensus, oui, décentralisé, non !
Comme toute réalisation littérale, la proposition de loi est très ambigüe à mon sens. A la lecture, on ressent comme une envie de vouloir se "débarrasser" d'une technologie gênante, venue secouer le quotidien paisible d'une classe dirigeante habituée à voir tout sous le prisme de la centralisation.
Ceci s'en ressent d'autant plus fort que l'attaque qui a été a maintes reprises perpétrées contre l'un des consensus les plus surs et les plus décentralisés de la planète : la Proof Of Work !
Pour certains parlementaires, la pilule de la décentralisation rime avec écologie : tant qu'on ne peut pas contrôler, soit on s'en débarrasse ou alors, on en limite l'utilisation. C'est le sentiment qui se dégage de beaucoup d'utilisateurs quotidiens ou occasionnels de la technologie de Nakamoto.
Au secours, le bitcoin est une aberration !
C'est le mot d'ordre que s'est passée une partie de l'hémicycle, dite écologique, qui estime que bitcoin est une aberration écologique à cause de son consensus de validation et de sécurisation des transactions.
Je ne vais pas revenir ici sur la consommation de l'ensemble l'industrie minière ou encore bancaire. Ces industries ne sont pas des aberrations, c'est juste des nécessités. En tout cas, ce 14 mars était l'antithèse d'une journée d'amours. Beaucoup de mes contacts notamment français estimaient que l'UE se tirait une balle dans la tête, comme la France et l'histoire passée du minitel !
Consommateurs, attention !
l'autre partie qui se dégage de cette proposition de loi est la lourde attention portée aux consommateurs qui à mon sens s'apparente à une forme de panique ou de dédouanement des députés par rapport à la blockchain.
Il y a une impression de désengagement vis-à-vis de la blockchain et de l'écosystème au sein de l'Union qui frise avec un certain mépris. le pire dans cette histoire, c'est que la blockchain n'a pas vraiment de considération quelconque aux yeux de beaucoup à part le fait qu'il est utilisé par "des criminels pour blanchir de l'argent sale" donc, nécessité de très bien l'encadrer, voir l'article 4, ou alors, une forme de pyramide de Ponzi.
Il y a une chose qui manque fondamentalement à la vision européenne de la blockchain : le désir réel de s'engager dans la transition numérique en utilisant ou accompagnant la société dans sa transition d'un monde purement centralisé, vers un monde hybride ou centralisation rime avec autonomie grâce à l'automatisation de certains processus.
Dans une civilisation habituée à un modèle centralisé et donc à être biberonnée dans un modèle juridique pleines de règles suivies seulement quand cela sert les intérêts, entrer dans un monde décentralisé ou la base de l'action est la clé privée revient à renaitre de nouveau et réapprendre à marcher. Je ne m'étonne donc pas que la blockchain reste cet OVNI scruté de loin par le corps judiciaire et législatif, tant il remet en cause la base même de la civilisation occidentale : la duplicité des termes !
Il ne faut pourtant pas grand chose, juste un sandbox et le reste, la communauté s'en occupe !